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Plan des Etablissements Badin

Date : 16 octobre 1897

En 2008, l’Association du Musée de l’Homme et de l’Industrie (AMHI), qui fut à l’origine de la sauvegarde du site de la Corderie Vallois, a fait don au musée d’une imposante maquette en plâtre sur chassis bois représentant les établissements Badin à la fin du XIXe siècle. La maquette est aujourd’hui présentée dans la salle d’animation du musée et elle notamment utilisée pour des activités pédagogiques avec les scolaires sur le thème de l’architecture industrielle et du patrimoine industriel local.

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Au début de l’année 2008, les Etablissements Badin-Sartel implantés dans la vallée de l’Austreberthe sur la commune de Barentin fermaient leurs portes, après plus d’un siècle et demi d’existence. L’Association du Musée de l’Homme et de l’Industrie est alors avertie que des archives industrielles ainsi qu’une maquette du site et une aquarelle sont vouées à la destruction.

L’Association par l’intermédiaire de son président Alain Alexandre entreprend alors de sauver ces éléments du patrimoine industriel local et organise l’enlèvement de la maquette et de l’aquarelle. Les archives sont, quant à elles, transportées aux Archives Départementales de la Seine-Maritime.

En assez mauvais état, la maquette longtemps restée à l’abandon, nécessite une restauration avant de pouvoir être exposée au public. Cette restauration est confiée à l’atelier Serge Giordani à Rouen et financée par l’AMHI. Le restaurateur comble les trous sans le support en plâtre, recolle les éléments d’architecture en bois et, par quelques retouches de peinture redonne à l’objet son éclat d’antan.

En fin d’année 2008, l’AMHI fait officiellement don de la maquette au Musée Industriel de la Corderie Vallois afin qu’elle soit exposée au public. Cette maquette offre aujourd’hui un témoignage exceptionnel et rare du patrimoine industriel local.

 

Une fois restaurée et installée au musée, il fallait replacer l’ensemble des éléments mobiles sur le plateau. Cartes postales anciennes, photographies, plans d’époque ainsi que la mémoire des anciens ouvriers ont été d’un secours précieux pour reconstituer la maquette dans son intégralité afin qu’elle soit au plus proche de la réalité.

 

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Auguste Badin fit ses premiers pas dans la filature de lin Duthuit en 1841 comme simple rattacheur et en devint le directeur en 1847. En 1861, il rachète la modeste filature de lin et en augmente la capacité grâce à la construction de nouveaux bâtiments et l’acquisition de 5000 broches supplémentaires.

En 1863, Auguste Badin agrandit à nouveau la filature en rachetant trois moulins voisins. Epargné par la crise cotonnière des années 1860, il en profite et investit ses bénéfices en construisant, en 1871, une importante filature de coton, moderne, dominée par une cheminée de près de 100 mètres.

 

En 1897, alors que la filature de lin et de coton est à son apogée et qu’elle emploie plus de 2000 ouvriers, Auguste Badin décide de fêter dignement le cinquantenaire de sa direction en organisant de grandes festivités. C’est à cette occasion que la commande de la maquette est passée.

Il faut voir dans le succès d’Auguste Badin plus qu’une réussite industrielle. « Self made man » normand, il développe une politique paternaliste en encadrant son personnel par un ensemble impressionnant d’institutions à but social : une école dès 1864, une salle d’asile pour recevoir les jeunes enfants pendant que les parents travaillent, une société de secours mutuel en 1873, un orphelinat en 1884, des caisses de prévoyance et d’assistance, des sociétés récréatives comme la musique en 1873, l’Orphéon (1892), ou la gymnastique. A l’extrême fin du XIXe siècle, Badin fait édifier, à proximité de l’usine des cités ouvrières, logements avec jardins individuels, aux loyers très modestes.

 

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De mémoire d’ouvrier, la maquette aurait été réalisée pour être l’ambassadrice des Etablissements Badin lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Pourtant, plusieurs sources montrent qu’elle fut en réalité réalisée en 1897, à l’occasion du cinquantenaire des Etablissements Badin. La maquette, dénommée à l’époque « Plan d’ensemble en relief », était exposée dans le Grand Cercle réservé aux directeurs. Elle a été réalisée par Georges Baudu avec le concours des jeunes gens des cours de dessins. Ce même Georges Baudu, président du cercle et l’organisateur des fêtes du cinquantenaire a inspiré le plan de l’établissement.

La présence de la maquette à l’Exposition Universelle de 1900 n’a pu être attestée par des documents d’archives. En revanche, un article du journal de Rouen du 15 août 1900, nous apprend qu’Auguste Badin a offert à tout son personnel, soit 2 000 employés, le train et l’entrée à l’Exposition Universelle.

 

 

La maquette mesure 3 mètres 40 de long sur 1 mètre 90 de large. Elle est constituée d’un plateau en plâtre moulé et peint sur un châssis en bois. A l’origine des montants en fer forgé soutenaient une vitre de protection. Sur le plateau des éléments mobiles en bois représentent les différents bâtiments du site. Les coteaux sont vallonnés d’arbres représentant la végétation.

La maquette immortalise le site industriel à son apogée. On lit, à travers cette représentation très rare d’un site industriel, toute l’organisation sociale mise en place par Auguste Badin.

Tout d’abord, on distingue un ensemble de bâtiments industriels typiques de l’architecture du XIXe siècle, avec toits en sheds. Au nord, la manufacture de coton et au sud la manufacture de lin et de toiles de chanvre et jute.

Tout autour de ces bâtiments voués à l’activité industrielle, d’autres éléments en bois représentent les infrastructures édifiées à l’usage des employés. A l’Ouest, on distingue plusieurs bandes de maisons. Les cités ouvrières édifiées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, sont des constructions en brique permettant d’offrir aux employés un logement d’un confort non négligeable pour l’époque. Différents types d’habitations étaient mises à disposition des employés ; les logements de contremaître, en bord de route pour un loyer de 225 F par an et les maisons en cité, bon marché pour les ouvriers, munies d’une cuisine, d’une chambre à coucher, d’une cave et d’un petit jardin pour 78 F. par an. Toutes les habitations bénéficient d’un accès à l’eau gratuitement et chaque maison à accès au gaz pour l’éclairage et la cuisine.

 

© RMM - Métropole-Rouen-Normandie Cliché Yohann DESLANDES

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