Cette exposition, réalisée grâce aux collections de la Dame d’Atours, retrace les grandes étapes de l’évolution de la silhouette féminine à travers le prisme de la mode et montre comment les modes vestimentaires ont conditionné le corps des femmes aux XIXe et XXe siècles.
Le vestiaire féminin a de tout temps rivalisé d’imagination et d’artifices pour modeler le corps des femmes, au bénéfice d’une silhouette répondant aux exigences sociales d’une époque. Le parcours chronologique propose de découvrir la succession des silhouettes depuis 1860 et les nombreux accessoires qui les façonnent. Ces accessoires dissimulés sous les habits (coussins, pourpoint, corset, crinoline…) sont destinés à modifier la forme du corps en fonction des exigences esthétiques et morales de l’époque.
Serrer la taille, élargir les hanches, aplatir le ventre, rehausser la poitrine sont autant de contraintes qui ne laissent que peu de place au confort et qui maltraite les corps aux dépens de la santé des femmes. Le corset, qui fait son retour dans le premier tiers du XIXe siècle, domine la mode jusqu’à la fin de ce siècle. Il est l’accessoire de mode incontournable dans le vestiaire féminin, malgré les critiques montantes du corps médical à son égard.
Les évolutions de la silhouette seront abordées sous l’angle de la mode, mais aussi sous l’angle technique (progrès techniques dans le domaine du métal), économique (développement de la consommation, des grands magasins), et sociétal (évolution du statut de la femme dans la société, accès au sport). Les tenues et accessoires présentés entrent en dialogue avec des reproductions de gravures de mode, reflet des exigences sociales de l’époque.
Les dessous de l’ère industrielle
1860 – Les crinolines
À partir de 1860, les silhouettes se succèdent de façon rapide et évoluent parallèlement aux progrès techniques soutenus par la révolution industrielle. La crinoline, qui était auparavant constituée de lourds jupons, est, à partir de 1860, réalisée avec des cerceaux métalliques.
1870-1880 – La tournure
La tournure, aussi appelée faux-cul ou queue d’écrevisse est une structure métallique en demi-cercle posée sur le bas du dos. Elle permet de soutenir la jupe en accentuant la chute des reins et en renvoyant le volume des jupes vers l’arrière afin de mettre en valeur la finesse de la taille. Vers 1880, la tournure évolue vers une forme qui accentue davantage la courbure des reins grâce à des coussinets placés sous les jupes.
1890 – La silhouette en sablier
La taille de la femme est resserrée avec un corset plus court, la jupe en forme de cloche et les manches ballon accentuent cette apparence en sablier.
1900 – Ligne sinueuse et gorge « pigeon »
La ligne devient plus sinueuse. Les femmes portent un busc rigide pour affiner la taille et cambrer les reins, et des cols hauts pour souligner le maintien de la tête et la finesse de la gorge.
1910 – La silhouette verticale et le retour de la ligne Empire
La silhouette devient plus verticale, la taille est plus haute avec un retour de la ligne Empire. Vers une libéralisation
des corps Au tournant des XIXe et XXe siècles, les femmes deviennent progressivement plus actives et le corset, trop contraignant, se démode au profit de sous-vêtements qui affinent la silhouette.
1895-1905 – les robes « réformées » de la maison Liberty
Les robes réformées de la maison Liberty instaurent pour un temps une silhouette plus « naturelle », qui se libère des carcans métalliques et des artifices contraignants. C’est également l’époque des créations de Paul Poiret pour la maison Doucet puis pour Worth. Avec Madeleine Vionnet, il est le premier couturier à supprimer le corset en 1906, en créant des robes taille haute.
1920 – La libération du corps, la garçonne
Libérée du corset, la silhouette longiligne affiche une taille très basse, un buste plat et une poitrine presque gommée. Porter des vêtements confortables et pratiques pour des femmes de plus en plus actives devient une nouvelle perspective dans le domaine de la mode. Les porte-jarretelles et le soutien-gorge font leur apparition. Les silhouettes des années 1920 offrent des corps féminins plus libres de leurs mouvements et plus dénudés.
1930 – La silhouette athlétique et le retour de la féminité
Dans les années 1930, de nouveaux sous-vêtements apparaissent, comme la gaine qui redessine le corps des femmes en redonnant des formes à la poitrine et aux hanches.
1950 – Guêpières et taille cintrée
Dans les années 1950, la guêpière entre dans la garde-robe des femmes. On observe ainsi un retour de la taille très marquée et fine. Ce nouvel accessoire bénéficie des avancées technologiques de l’industrie textile, notamment la découverte du nylon qui en fait un accessoire extensible et léger, essentiel du « New Look » cher à Christian Dior. C’est le retour de la poitrine haute, des épaules arrondies, des hanches galbées et de la taille fine.
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La création contemporaine
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Comment les couturiers s’emparent aujourd’hui du corset, faisant de ce vêtement de dessous un vêtement à part entière ?
Alexandre Jacquet, couturier-créateur havrais
Telos, couturier-styliste à Rouen